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La troisième lame - Ayerdhal
L'Homéocratie fédère près de trois cents mondes et gère de nombreuses colonies.
Après la mort d'un haut fonctionnaire homéocrate sur Melig, protectorat colonial, Anthelm Lax est chargé de faire la lumière sur son assassinat et d'étouffer toute velléité indépendantiste. Pourtant, sur place, s'il découvre des dysfonctionnements, il ne détecte aucun signe de rébellion.
Pour rester sur Maricya, Natifa épouse Yoon, le dernier naturalisé en date du protectorat. À son contant, elle découvre que les Maricyans sont farouchement indépendants, d'une incroyable nonchalance, sans aucun attrait pour le pouvoir ni l'argent et indifférents aux exactions homéocrates. Leur inertie n'est pourtant pas si naïve qu'elle en a l'air.
Je voulais m'attaquer à Ayerdhal depuis un moment, mais je ne savais pas par quoi commencer ; trop de romans, trop d'envies. Et puis je suis tombée sur ce livre qui réunit deux novellas se déroulant dans un univers présent dans d'autres romans de l'auteur ; c'est ce qui m'a motivée car cela m'offrait une porte d'entrée à au moins un de ses mondes.Les deux novellas (La troisième lame et Pollinisation) mettent donc en présence l'Homéocratie et ses rapports avec ses colonies. L'Homéocratie est une énorme machine politique et bureaucratique, avec ses départements, ses conflits internes, ses mesquineries, ses intérêts souvent divergents, qui fait beaucoup penser à l'Union Européenne ou à l'ONU. Il s'agit très clairement d'une critique de ces institutions, de leur fonctionnement et de leurs actions.
La première novella nous donne à voir un fonctionnaire de l'Homéocratie venu s'assurer que les habitants d'une colonie ne cherchent pas à se rebeller. Colonialisme parfaitement assumé, habitants de la planète déconsidérés, tout juste bons à obéir, la situation n'est pas glorieuse, et rien ne doit changer. C'est une situation violente, mais grâce à Anthelm Lax et aux habitants de Melig, elle passe comme une lettre à la poste. En effet, les habitants de la planète ne semblent pas vouloir se rebeller contre l'Homéocratie ; ils donnent plutôt l'impression de s'en tamponner allègrement le coquillard. Alors, pourquoi a-t-on assassiné un fonctionnaire homéocrate ? Secrets, mensonges, faux-semblants, manipulation, tout y passe, et la complexité apparente de l'histoire ne l'empêche pas d'être au final assez simple et compréhensible.
Deuxième novella, autre planète, mais même ambiance : une population qui s'est rebellée, l'Homéocratie qui a sévi, une population « autochtone » méprisée et des colons tout puissants. C'est alors que Natifa, fonctionnaire homéocrate qui doit être mutée sur une autre planète, décide d'épouser un habitant du cru, un Maricyan, pour pouvoir rester sur la planète et l'explorer, la connaître, au-delà de l'horizon offert aux homéocrates. On est donc là dans le cadre d'une rencontre entre cultures différentes, entre modes de vie et de pensée différents, et Natifa tente de comprendre, de pénétrer Maricya pour pouvoir s'y couler comme dans un moule, tout en étant consciente des enjeux politiques que la planète représente pour l'Homéocratie.
Ces deux textes parlent donc de rébellion, du désir de décider de ce qui est le mieux pour soi par soi-même, sans laisser ça à des entités froides, lointaines et impersonnelles, mais surtout méprisantes, ignorantes et égoïstes. Les solutions trouvées sont proches, mais je pense que cela est plus dû au format qu'autre chose, tandis qu'on trouve d'autres idées dans les autres livres d'Ayerdhal se déroulant dans cet univers. Malgré tout, il y a la volonté d'essayer, d'agir, et c'est déjà un grand pas, la première impulsion pour changer les choses.
En bonus, et comme toujours avec ActuSF, on a droit à la fin de l'ouvrage à une interview d'Ayerdhal qui apporte des éclaircissements supplémentaires sur les novellas et l'univers homéocrate.
Je n'ai donc vraiment pas été déçue d'aborder Ayerdhal par ce livre qui me donne envie d'en savoir plus sur l'Homéocratie.
Tags : Planet opera, Ayerdhal, Nouvelles
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