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Mona Lisa s'éclate - William Gibson
Elles sont trois. Trois femmes que tout sépare et qu'une lutte entre Mégacorpos va réunir. Sally, ancienne mercenaire maintenant au service de la mafia londonienne ; Mona, droguée, prostituée, qui survit au jour le jour dans un squat à Cleveland ; et Angie, la superstar mondiale des Simstim, fantasme de tous les mâles du cyberréseau. Leurs trajectoires vont pourtant se rejoindre et fusionner dans un instant aussi bref qu'incandescent autour de l'Aleph, un fantastique instrument de pouvoir. Seulement, pour pouvoir mettre la main sur ce qui semble être le futur de l'humanité, tous les coups sont permis...
J'avais beaucoup aimé les deux premiers tomes de la Trilogie de la Conurb', mais j'ai mis un peu de temps à m'attaquer au dernier car c'est à chaque fois une lecture exigeante, et il faut bien tout assimiler à chaque fois, car les trames de Gibson sont complexes.Au bout du quatrième livre de Gibson que je lis, j'ai fini par me faire à son style et je suis donc rentrée très rapidement dans l'histoire. Heureusement, car elle part au quart de tour ! On suit donc cinq personnages différents, dans divers lieux bien éloignés les uns des autres, même si leurs routes, ainsi que le dit la quatrième de couverture, vont finir par se rejoindre, que ce soit en raison de leurs intérêts ou bien physiquement. Ces personnages sont bien individualisés, ce qui fait qu'on ne se mélange jamais les pinceaux et qu'on suit facilement ces cinq vies, ainsi que celles qui peuvent graviter autour d'elles.
Par contre, contrairement à ce que j'avais pu ressentir à la lecture de Comte Zéro, là j'ai vraiment vu le lien, compris qu'il s'agissait bien d'une trilogie. Les références aux deux premiers tomes sont constantes, on retrouve de nombreux personnages, et dans des rôles d'importance, et ce qui s'est passé précédemment a énormément de conséquences dans le présent. Je pense que c'est pour cela que j'ai assez facilement compris le plan d'ensemble, ce qui reliaient les personnages et les poussaient à se rencontrer. Cet aspect de ma lecture m'a beaucoup plus car jusqu'à présent j'étais paumée dans les intrigues de Gibson au moins jusqu'aux dernières 50 pages, et encore me fallait-il pas mal de réflexion pour bien agencer toutes les pièces du puzzle dans ma tête. Là, même si on garde toujours de la complexité et que tout n'est pas forcément immédiatement clair comme de l'eau de roche, j'ai vite saisi les tenants et les aboutissants, qui en voulait à qui, et c'était vraiment quelque chose d'agréable que de ne pas être paumée. Un peu comme si je commençais à faire partie de la Conurb'.
Le monde développé par Gibson est toujours aussi dense et bon, et je dirais même meilleur car il s'élargit encore. On va cette fois plus loin que la Conurb' et la banlieue de Tokyo pour explorer Londres, la côte ouest des États-Unis, des zones paumées, polluées, abandonnées. Le cyberspace n'a au final que peu d'importance, contrairement au deux premiers tomes. Malgré le complot, les intrigues qui se trament, on peut presque dire que c'est une vision beaucoup plus quotidienne et terre à terre de la vie de personnes sans histoire.
En plus de ça, à la fin de la lecture on sent vraiment qu'il s'agit de la fin de la trilogie, que Gibson en a terminé avec cette histoire commencée dans Neuromancien. Une très bonne chose, et un vrai plaisir.
Tags : Cyberpunk, William Gibson
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