Égaré dans l'espace à la suite d'un orage gravitationnel, un astronef s'écrase sur une planète inconnue. Les survivants - des membres de l'équipage, des pionniers que le vaisseau transportait vers une colonie lointaine au fond des étoiles - pourront-ils le réparer et repartir vers leur destination initiale ? Ils n'ont d'autre moyen d'y arriver que de reconstituer les machines nécessaires à partir des matériaux locaux, au risque de détruire l'écologie de la planète. Mais voici que se lèvent les vents de folie apportant avec eux des pollens aux mystérieux pouvoirs. Parmi les survivants, certains veulent s'établir sur place, abandonner la civilisation industrielle et s'adapter à cet environnement étrange. Ils doivent apprendre le prix à payer pour que cette étrange planète consente à les accepter dans son sein...

Jusqu'à il y a peu, je ne connaissais Zimmer Bradley que pour sa réécriture du mythe arthurien, et quand j'ai appris l'existence de La romance de Ténébreuse, j'ai tout de suite été attirée par sa densité et sa richesse.

L'histoire débute juste après le crash de l'astronef sur la planète, alors qu'il faut gérer le plus urgent : soigner les blessés, diagnostiquer les dégâts subis par l'appareil pour savoir s'ils sont réparables, et savoir dans quel coin de la galaxie ils ont atterri pour pouvoir déterminer des coordonnées pour le voyage  à venir. En plus de ça, il peut être utile de savoir si l'eau est potable et si des végétaux sont comestibles (au moins l'atmosphère était-elle légèrement plus riche en oxygène que la Terre, et la gravité est à peine plus faible que la nôtre). Dans ce but, une petite expédition est montée pour établir des coordonnées et examiner la faune et  la flore. Pendant ce temps, au camp, le chef des colons s'oppose au capitaine de l'astronef concernant la réparabilité de l'appareil et l'avenir du groupe s'il s'avérait impossible de quitter la planète. C'est dans ce contexte tendu que survient le premier vent de folie, qui s'accompagne d'une grande sensibilité psychique, de la disparition totale des inhibitions, et d'une libido accrue.

Connaissant déjà les grandes lignes de ce cycle, je savais dès le départ que l'astronef n'était pas réparable et que les humains resteraient sur cette planète, mais ce suspens potentiel ne compte pas, car toute l'histoire est centrée autour de la psychologie des personnages, des conséquences des vents de folie et de l'adaptation à cette situation, et à la planète toute entière. Et cette partie est particulièrement bien traitée. Les personnages sont variés, dans leurs idées préexistantes, dans leurs certitudes, dans leurs réactions, leurs réticences, ce qui permet de balayer un grand nombre de réactions à une situation donnée. Les deux gros points d'achoppement parmi les survivants sont la survie de la « civilisation » sur une planète à l'écologie fragile et avec peu de matériaux métalliques, et le comportement vis-à-vis de la procréation. Les lignes de fracture parmi les survivants se concentrent entre les membres de l'équipage et les colons, ces derniers, de par leur volonté d'aller, de tout recommencer, étant les plus prompts à l'adaptation, les plus réalistes, au contraire des hommes de l'espace, dégagés des considérations les plus triviales de par leur éducation dans un environnement parfaitement contrôlé (stations spatiales et autres satellites artificiels du genre). Bien sûr, mon compte rendu est assez schématique, et la réalité du roman est plus nuancée. Et c'est sa grande force à mes yeux, au contraire de ce que j'ai pu lire de Ursula Le Guin ( je trouve la comparaison assez pertinente, puisque dans les deux cas il s'agit d'adaptation à une situation différente à celui des personnages principaux) qui est beaucoup plus monolithique.

Au final, j'ai juste envie de lire la suite !