• La forêt de cristal - J.G. Ballard

    La forêt de cristal - J.G. Ballard

     

    À cause d'une fuite temporelle, le monde se cristallise peu à peu, notamment aux alentours de certains points chauds comme la région de Miami et la forêt qui borde la ville camerounaise de Mont Royal.

    Afin de retrouver son collègue, Max Clair, et la femme de ce dernier, Suzanne, qui fut sa maîtresse, le Dr Edward Sanders, directeur adjoint d'une léproserie, se rend à Mont Royal. Dans l'ombre de la forêt de cristal, il va comprendre que même les hommes peuvent être touchés par le phénomène de cristallisation et, pire, que certains voient là leur unique chance de salut.

    Après avoir lu et apprécié Le monde englouti, je voulais lire un autre roman post-apocalyptique de Ballard, sachant qu'il en a écrit quatre en tout.

    Toute l'action du roman se déroule dans une région imaginaire du Cameroun, entre le fleuve, la jungle, les zones et les villes minières, entre le monde des occidentaux et celui des indigènes (l'histoire se déroule après l'indépendance du Cameroun). Sanders a pris un congé de la léproserie dont il est directeur adjoint pour se rendre dans la région de Mont Royal afin d'y retrouver son ancienne amante, Suzanne. Ses motivations ne sont pas évidentes, ni pour lui, ni pour le lecteur, mais on sent malgré tout qu'il cherche à tourner la page, qu'il veut la revoir une dernière fois pour se dire que tout est bien fini. Mais l'arrivée à Port Matarre, d'où il remontera le fleuve jusqu'à Mont Royal, est étrange : la douane et la police ont l'air préoccupée, tout comme l'armée française qui a une base dans la ville et protège les mine de Mont Royal, tandis que la lumière du soleil semble absente, comme absorbée par la forêt environnante et le ciel constamment chargé de nuages.

    Cette ambiance à l'arrivée à Port Matarre donne bien le ton du roman, qui baigne dans la contemplation et la fascination que la forêt exerce sur les hommes, tout en les terrifiant. Elle ressemble un peu à un marécage dans lequel on s'enfoncerait insensiblement et, plus l'on s'agiterait, plus l'on serait aspiré dans ses profondeurs. Et ç'a également été mon cas à la lecture. De plus, les images évoquées par Ballard sont magnifiques, évoquent des idées mythiques et paradisiaques qui subjuguent par leur beauté.

    Concernant la cristallisation de la forêt, les explications sont assez succinctes et finalement de peu d'importance ; elles reposent sur les propriétés de l'espace-temps et de la disparition du temps, qui rend la vie impossible tout en la préservant. Ce qui est certain, par contre, c'est que le phénomène s'étend et que rien ne peut l'arrêter ni même le ralentir. L'ensemble de la planète est donc condamnée à plus ou moins brève échéance, mais avec tant de beauté et de magie que cela n'émeut au final pas grand monde.

    Ballard offre encore une fin du monde étonnante, qui diffère une nouvelle fois de tout ce que j'ai pu lire jusqu'à présent, et qui fait partager la beauté de la destruction et de la mort.

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  • Commentaires

    1
    Mardi 20 Janvier 2015 à 01:46

    Ce livre m'a fait beaucoup d'effet, de par son atmosphère. Les scènes dans la forêt, surtout vers la fin, sont incroyables : on a l'impression de s'enfoncer dans une sorte de cauchemar sublime. J'ai encore des images qui me reviennent en tête.

    Moi non plus, je crois que je n'avais jamais rien lu de pareil !

    2
    Mardi 20 Janvier 2015 à 03:31

    Bien d'accord avec toi, il y a une beauté morbide dans les descriptions de Ballard qui coupe le souffle.

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