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Women in chains - Thomas Day
Mexique : Juárez. La ville monstre dévore ses femmes. Leurs souffrance et leur sang nourrissent des cauchemars si anciens que la mémoire des hommes les a oblitérés.
Allemagne : Un eros-center. Cinq étages sans ascenseur, plaisir hâté pour luxure tarifée. La romance qui naîtrait dans ces murs ne pourrait que se poursuivre dans la folie et la violence.
Groenland : L'hiver est le dernier refuge de Cassandra. La désolation glacée pour couver l'oubli. L'oubli de soi et du pouvoir d'en voir trop.
Afghanistan : Nous sommes les violeurs. Mercenaires et touristes. Toubib, Bobbie, Goran, le Juif et l'Australien... En mission, mystiques et égarés. Nous sommes les violeurs. Nous sommes les libérateurs.
France : Les poings qui vengent, les pistons qui rendent les coups. Tous les coups silencieux de la lâcheté des hommes. La revanche extraordinaire sur la violence ordinaire.
J'avais commencé ce livre il y a un bon moment, mais je m'étais arrêtée au bout de la deuxième nouvelle à cause d'un trop plein de dégoût face à ce que racontait Thomas Day. Malgré tout, j'avais envie de le reprendre, d'aller au bout, et l'approche des Utopiales en a été l'occasion.
Cinq nouvelles, donc, plus ou moins longues, traitant toutes d'une façon ou d'une autre de la condition des femmes dans le monde à l'heure actuelle, et des violences, physiques, psychologiques, qu'elles subissent.
La Ville féminicide
Depuis des années, Ciudad Juárez est la ville la plus dangereuse qui soit au monde pour les femmes. Des centaines de meurtres, autant de disparitions, pas une seule condamnation, et une indolence absolue de la part de la police et des autorités. Thomas Day nous plonge d'emblée dans cet univers si hostile sans précaution, sans faux-semblant, pour nous confronter à l'horreur du mal.
Eros-center
Dans la grisaille quotidienne d'une ville allemande, un immigré turc succombe à l'attraction d'un eros-center, et à une prostituée d'origine africaine (je l'ai lu il y a un moment, je ne me souviens plus de son pays d'origine). Tout un jeu autour de l'illusion, du besoin de ne pas être seul, et de la tromperie.
Tu ne laisseras point vivre...
Cassandra s'est exilée au Groenland pour échapper à une malédiction familiale transmise de grand-mère à petite-fille et qui a trait au sexe. La nature de cette malédiction, et donc de sa fuite éperdue, se livre au fur et à mesure de la nouvelle, en même tant que le rapport d'une femme à son corps, sa sexualité, et le regard des autres sur elle.
Nous sommes les violeurs
Dans un futur proche, on recueille les témoignages de mercenaires ayant participé à la guerre contre l'opium en Afghanistan, ainsi que celui d'une de leur victime. Un texte dérangeant par la vision qu'un des mercenaires, ou plus précisément un des violeurs, a de ses actes, de leur portée, et de ce que cela a eu comme conséquences sur/pour les Afghanes.
Poings de suture
Enfin un peu d'espoir au milieu de cette violence. Une jeune femme qui refuse de subir, le dit haut et fort, et finit par dépasser son histoire. Le récit le plus banal, le plus quotidien, et qui permet de refermer le livre le cœur un peu moins lourd.
Ces cinq histoires ont en commun d'être très charnelles, dans le sens où elles s'attardent sur les corps, où elles les détaillent dans leurs moindres caractéristiques, même les plus sordides (scatophobes, s'abstenir), pour parler de l'esprit. Car, ou du moins est-ce ainsi que je l'ai ressenti, Thomas Day associe fortement les mouvements du corps et ceux de l'esprit, et le premier vient appuyer, expliquer le deuxième. Toutes les envies, toutes les douleurs viennent de cette « tyrannie » corporelle à laquelle personne ne peut se soustraire.
Au final, c'est un bon livre, à ne pas mettre entre toutes les mains, et qui peut permettre de s'interroger sur la condition féminine un peu partout dans le monde, surtout grâce à la bibliographie en fin d'ouvrage.
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Tags : Nouvelles, Thomas Day
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Commentaires
Voilà un livre qui ne me donne pas envie...