• Transmetropolitan : Année un - Warren Ellis et Darick Robertson

    Transmetropolitan : Année un ; Warren Ellis et Darick Robertson

     

    Année un : Exilé depuis près de cinq ans loin du fracas de la civilisation, le journaliste Spider Jerusalem est contraint de reprendre le chemin de La Ville. Secondé par ses deux assistantes, Channon Yarrow et Yelena Rossini, l’acide et misanthrope  pamphlétaire reprend alors son combat contre les abus de pouvoir, la corruption et les injustices de cette société du 21e siècle qu’il chérit autant qu’il exècre. Dans les rues étouffées par le brouhaha médiatique, raisonne bientôt les mots amers et enivrés du plus fervent défenseur de la Vérité.

    J’avais connu ce comics par des copains, et le thème m’avait de suite intriguée. Quand j’ai vu la couverture, elle m’a définitivement convaincue.

    Spider Jerusalem est un journaliste retiré depuis 5 ans dans La Montagne, volontairement isolé du monde, un peu, voire beaucoup, paranoïaque, la rage au ventre contre le reste de l’humanité. Sauf qu’il doit toujours contractuellement deux livres à son éditeur, et que celui-ci ne lui laisse pas trop le choix : Spider revient dans La Ville, car il n’y a que là qu’il trouvera matière à ses écrits. Là, il va voir un ami journaliste afin de se faire embaucher et de pouvoir recommencer à fustiger tous les travers de La Ville.

    Dans ce premier tome, il n'y a pas vraiment de fil conducteur, de liens entre les différents chapitres, il s'agit plus de donner un premier aperçu des turpitudes de La Ville, qu'elles soient politiques, sociales, voire économiques. Et, sur ce point, il y a de quoi faire, entre les politiciens prêts à tout pour conserver le pouvoir, le racisme, les discriminations sociales, la société de consommation et la pub, la religion, le rapport à la mort, les violences policières... Dit comme ça, ça donne l'impression de partir un peu dans tous les sens, et même si ce n'est pas totalement faux, il y a malgré tout une cohérence d'ensemble, un refus de l'autorité, de l'exploitation des faibles par les forts, et de l'aliénation collective. Après, ce n'est que le premier tome d'une série achevée qui en compte cinq, donc je me doute qu'une trame plus solide va apparaître au fur et à mesure.

    La Ville est un délire total, une cité tentaculaire sous acide, hantée par des contre cultures, des groupes religieux, des gangs, des êtres humains largement modifiés, des prostitué-e-s, des paumé-e-s, des drogué-e-s, etc. où la publicité est partout, et dans laquelle il est facile de sombrer totalement. Spider Jerusalem est à l'image de cette ville survoltée et folle : il est paranoïaque, sujet à des crises d'agressivité brusques et violentes, grande gueule, ordurier, drogué. Il part au quart de tour, et quand il a une idée en tête il ne l'a pas ailleurs. Il agit de même dans son métier de journaliste, il va chercher les informations et n'attend pas que ça lui tombe tout cru dans le bec, il ne prend jamais de gants, il s'implique personnellement et physiquement dans ses enquêtes, il retranscrit ce qu'il voit et pense, sans aucun filtre ; un pur produit du journalisme gonzo, immortalisé par Walter S. Thompson (Warren Ellis reconnait d'ailleurs la filiation entre l'auteur de Las Vegas parano et Spider Jerusalem). Les personnages secondaires sont tout aussi hauts en couleurs que Spider, mais mon préféré reste sans conteste la chatte qu'il recueille au début de ce tome, avec trois yeux et deux visages, qui passe son temps à bouffer des geckos et à fumer des cigarettes (plus une tendance à pisser un peu partout, surtout sur les téléphones quand Spider ne veut pas parler à son rédacteur en chef).

    En ce qui concerne le dessin lui-même, je suis totalement fan, ce qui change fortement puisque j'ai la plupart du temps du mal avec le style comics. J'aime beaucoup le travail des couleurs et des ombres, la vivacité qui s'en dégage. Mais, ce qui m'a le plus plu, c'est le foisonnement du dessin : en effet, La Ville est pleine de vie, d'habitants, de publicités, et c'est un vrai plaisir que de parcourir les planches pour en observer tous les détails, observer les tenues vestimentaires, lires les affiches...

    Voici donc un premier tome qui tape fort et bien, et j'ai hâte de lire la suite pour savoir dans quel guêpier Spider Jerusalem va se fourrer et de quelle façon il va s'en sortir !

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