• Dagon - H.P. Lovecraft

    Dagon - H.P. Lovecraft

     

    L'horreur innommable s'étend partout : dans la brume baignant les falaises de Kingsport ; dans une vieille maison isolée qui entre en résonance avec l'au-delà ; à l'université Miskatonic d'Arkham, où le docteur Hubert West réanime les morts... Mais aussi en d'autres temps, d'autres lieux : au plus profond des abysses marines, antre du terrible dieu Dagon ; à Ulthar, où règnent en maîtres les chats ; au grand temple d'Ilarnek, dans lequel les hideux servants de Bokrug, destructeurs de la ville de Sarnath, adorent encore aujourd'hui leur idole impie... Trente nouvelles d'effroi et de poésie ténébreuse, trente terribles révélations sur les secrets tapis entre les mailles de la réalité.

    J'ai un étrange rapport à Lovecraft : je le considère comme un maître, je lis ses écrits, mais la plupart du temps je ne trouve pas l'effroi et l'angoisse dont on parle tant. Et pourtant, je continue.

    Dagon étant un recueil de 30 nouvelles, je ne  vais pas les détailler une à une, mais donner mon sentiment global et revenir sur les caractéristiques qui reviennent, qu'elles me plaisent ou pas.

    Toutes ces histoires ont un rapport avec le passé, fantasmé ou plus ou moins réaliste, et on n'y trouve aucune notion d'avenir. Même le présent n'existe que pour servir d'alibi au passé. En fait, ces textes, et le point de vue de Lovecraft, m'ont beaucoup fait penser à l'adage médiéval selon lequel nous serions des nains venant après un peuple de géants. J'ai vraiment retrouvé cette ambiance de décadance systématique, d'un présent coupé de ses racines, de la poésie et du savoir du passé, et qui est condamné à stagner irrémédiablement, car oublieux de ces savoirs mais aussi coupé de la nature. Mon sentiment est un peu confus, mais c'est vraiment ce que j'en retire : toute connaissance vient du passé, et l'on ne peut rien apporter de nouveau, on ne fait que rééditer les expériences précédentes (vraiment une vision très médiévale des choses).

    Même la science et les découvertes scientifiques qu'on retrouve à plusieurs reprises dans le recueil sont contaminées par cette vision du monde, issues de vieux livres maudits, héritières de secrets impies. C'est comme si toute recherche sur les causes était maudite, malsaine, démoniaque (mais en même temps, c'est le cas de pratiquement toute chose chez Lovecraft).

    L'auteur fait également montre d'un racisme ouvertement assumé, mais également d'un mépris de classe très prononcé. Sans oublier qu'il souscrit totalement aux thèses de la physiognomie (en gros, le physique d'une personne renseigne sur sa personnalité, et permet de dire qui est un criminel, qui est un pervers, etc.), très en vogue dans la deuxième moitié du XIX° et le premier tiers du XX° siècle. En plus de ça, les narrateurs des nouvelles, qui sont souvent le personnage principal s'exprimant à la première personne, se montrent très souvent arrogants, parfaitement fiers d'eux-mêmes et de leurs capacités. Au final, cela devient assez lourd et franchement redondant.

    Lovecraft est obsédé par la magie, les horreurs innommables qui sommeillent dans les profondeurs de la Terre (ou plutôt de l'esprit des hommes, et dans le sien en premier, à mon avis), et on les retrouve dans chaque nouvelle. Par contre, elles n'apparaissent pas toutes sous la même forme, et c'est là que je vais faire une distinction entre les nouvelles que j'ai appréciées et les autres.

    • Dès qu'il aborde le domaine du rêve, qu'il part dans l'imaginaire le plus total, j'aime beaucoup ce qu'il écrit (à rapprocher du roman La quête onirique de Kadath l'inconnue, dont on retrouve des bribes dans de nombreuses nouvelles). Il fait alors preuve de beaucoup de poésie, et ses horreurs, ses ombres menaçantes parviennent à me transporter, même si elles ne m'effrayent pas ;
    • Quand il s'attaque à des horreurs dans son univers quotidien, à Londres ou en Nouvelle Angleterre, il s'aventure sur des terrains connus, et sa maîtrise se ressent, donne quelque chose d'angoissant, mais de mesuré, de presque anecdotique qui passe très bien ;
    • Par contre, quand il s'attaque à des civilisations qu'il ne connait pas, il s'en remet aux on-dit, aux fantasmes, à des erreurs historiques et archéologiques factuelles, et là ça devient du grand n'importe quoi qui m'a franchement fait grincer des dents. Heureusement, ces cas-là restaient assez rares.

    Il a par contre des rapports aimable avec la poésie et avec la nature campagnarde qui apportent dans ses nouvelles et ses délires des espaces de paix et de repos que j'ai goûtés encore plus que le reste, car sa plume est alors vraiment belle, poétique, et se plie parfaitement à ce qu'il raconte.

    En définitive, et comme dans pratiquement tous les recueils de nouvelles, il y a du bon et du moins bon, mais j'y ai vraiment trouvé des aspects de son écriture et de ses obsessions qui m'ont plu.

    Dagon - H.P. Lovecraft
    « Il est difficile d'être un dieu - Alexeï GuermanService compris »

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