• Un viejo que leía novelas de amor - Luis Sepúlveda

    Un viejo que leía novelas de amor - Luis Sepúlveda

     

    Antonio José Bolivar Proaño vive en El Idilio, un pueblo remoto en la región amazónica de los indios shuar (mal llamados jíbaros) y con ellos ha aprendido a conocer la Selva y sus leyes, a respetar a los animales y los indígenas que la pueblan, pero también a cazar el temible tigrillo como ningún blanco jamás pudo hacerlo. Un buen día decidió leer con pasión las novelas de amor -«del verdadero, del que hace sufrir»- que dos veces al año le lleva le dentiste Rubicundo Loachamín para distraer las solitarias noches ecuatoriales de su incipiente vejez. En ellas intenta alejarse un poco de la fanfarrona estupidez de esos codiciosos forasteros que creen dominar la Selva porque van armados hasta los dientes, pero que no saben cómo enfrentarse a una fiera enloquecida porque le han matado sus crías.

     

    Lorsque les habitants d'El Idilio découvrent dans une pirogue le cadavre d'un homme blond assassiné, ils n'hésitent pas à accuser les Indiens de meurtre. Seul Antonio José Bolivar déchiffre dans l'étrange blessure la marque d'un félin. Il a longuement vécu avec les Shuars, connaît, respecte la forêt amazonienne et a une passion pour les romans d'amour. En se lançant à la poursuite du fauve, Antonio José Bolivar nous entraîne dans un conte magique, un hymne aux hommes d'Amazonie dont la survie même est aujourd'hui menacée.

    Ce livre était au programme de français en 4° ou 3°, et si on ne l'avait pas étudié car c'était la fin de l'année et il ne restait plus assez de temps, je l'avais tout de même lu et dévoré. Depuis, je le relis régulièrement, pratiquement uniquement en espagnol.

    El Idilio est un village paumé sur les rive du Nangaritza, rivière du bassin amazonien, un établissement de colons, de chercheurs d'or et de pseudo aventuriers. C'est là que vit Antonio José Bolívas Proaño, qui a quitté ses montagnes natales avec sa femme bien des décennies auparavant, attiré par les promesses de l'État, une terre à défricher et cultiver, ainsi qu'une aide technique, promesses jamais tenues. Rapidement, les rigueurs de l'Amazonie auront raison de leurs espoirs, et de la vie de sa femme. Il a alors rejoint les Shuars, un peuple indien de la région, parfaitement intégrés à leur milieu, et a appris auprès d'eux les secrets de la forêt, avant de revenir à El Idilio, serein, parfaitement à sa place. Son seul besoin, ce sont les romans d'amour que le dentiste qui passe deux fois par an au village lui ramène, des romans qui parle d'amour vrai, celui qui fait souffrir. Cette routine agréable est rompue par la mort d'un gringo, un braconnier qui a tué des petits ocelots, et qui a été massacré par la mère. Par ce que celle-ci a goûté la chair humaine, elle devient un danger pour tous les hommes de la région, Shuars comme blancs, et Antonio José Bolívar accepte de partir en chasse pour la tuer.

    Ce roman est dédié à Chico Mendes, défenseur de la forêt amazonienne assassiné sur l'ordre de grands propriétaires terriens, et cet engagement se ressent à chaque ligne. Sepúlveda n'oppose pas de façon simpliste l'homme et la nature, bien au contraire ; il oppose la nature et ceux qui l'ont apprise, ceux qui la comprennent, et savent vivre selon ses règles, à ceux qui y pénètrent avec leurs certitudes, leurs réflexes étrangers à cette terre, qui ne cherchent pas à apprendre. Cette opposition est personnifiée par les Shuars et Antonio José Bolívar d'un côté, le maire d'El Idilio, le gringo qui a tué les petits ocelots, les chercheurs d'or, les touristes de l'autre. Ce dernier groupe est très hétérogène, allant du fonctionnaire qui veut appliquer dans la jungle des procédures qui ne sont pas adaptées, qui ne correspondent à rien, à celui qui ne cherche que l'enrichissement personnel sans se préoccuper du reste, ou à l'étranger qui recherche l'exotisme et se croit tout permis parce qu'il n'est pas chez lui. Et, à cause d'eux, les animaux et les Shuars fuient, toujours plus loin vers l'est et les profondeurs de la forêt, pour se protéger, pour survivre. La folie de la femelle ocelot en est le symptôme le plus évident, car elle est la conséquence de l'équilibre brisé de cette nature fragile, toujours sur le fil.

    La langue de Sepúlveda est fluide, harmonieuse, comme les eaux du Nangaritza. Elle fait appel à de nombreuses images ainsi qu'aux sens du lecteurs, vue, ouïe, odorat, toucher. Elle nous plonge dans la moiteur de la saison des pluies en Amazonie, dans la langueur d'un monde qui ne connait pas le temps de la civilisation occidentale, qui ne connait que le jour et la nuit, le passage des saisons. Elle accompagne parfaitement le propos du roman et le renforce.

    Il s'agit vraiment un livre magnifique, puissant, sous ses dehors simples et banals, et à chaque lecture c'est le même plaisir toujours renouvelé, qui se termine avec des larmes tant la fin est belle et poignante.

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  • Commentaires

    1
    Lundi 30 Mars 2015 à 09:21

    J'en entends très régulièrement le plus grand bien, c'est pourquoi je me le suis procurée avec enthousiasme ! Je vais très bientôt le commencer, ton billet me pousse en ce sens évidemment, merci :)

    2
    Lundi 30 Mars 2015 à 11:32

    J'ai hâte de lire ce que tu en auras pensé !

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    3
    Mardi 31 Mars 2015 à 08:03
    Sylly

    Le plaisir que tu as eu à lire ce livre est palpable, et donne envie :)

    Je crois l'avoir vu dans les étagères de la bibli, du coup, je n'hésiterai pas à le lire dès que l'occasion se présentera :)

    4
    Mardi 31 Mars 2015 à 14:33

    Oui, c'est vraiment un de mes livres préférés ^^ Et j'espère que tu l'aimeras !

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