• Solaris - Stanislas Lem

    Solaris -Stanislas Lem

     

    Une équipe scientifique débarque sur Solari, un monde inhabité tournant autour de deux soleils. L'immense océan protoplasmique qui recouvre entièrement la planète reste depuis des siècles un irritant mystère.

    Dès son arrivée, le Dr Kelvin est intrigué par le comportement du physicien Sartorius et du cybernéticien Snaut, qui semblent terrorisés par la visite d'une femme, Harey ; une femme que Kelvin a autrefois aimée et qui s'est suicidée plusieurs années auparavant.

    Impossible... À moins qu'une entité intelligente n'essaie d'entrer en contact avec eux en matérialisant leurs fantasmes les plus secrets, et qu'en l'océan lui-même réside la clé de cette énigme aux dimension d'un monde.

    Je savais depuis longtemps que Solaris était un classique de la science-fiction, et je me l'étais procuré pour cette raison, mais je ne l'avais pas encore lu. Le challenge ABC de l'imaginaire a été l'occasion de le sortir de ma PàL pour la lettre L.

    Le Dr Kris Kelvin nous raconte son expérience sur Solaris à la première personne : à la demande de Gibarian, scientifique solariste, il est venu de la Terre, mais est confronté dès son arrivée à des faits étranges. En effet, son arrivée est gérée par un robot et personne n'est là pour l'accueillir, la station semble totalement vide, et Snaut a l'air d'être complètement absent. Mais ce n'est rien à côté de la nouvelle qui ce dernier lui apprend : Gibarian est mort, il s'est suicidé. Et Snaut craint apparemment une présence qui hanterait la station, mais dont il ne veut rien, restant évasif, et parfois même agressif vis à vis de Kelvin. C'est donc muni de ces informations pour le moins parcellaires et énigmatiques que Kelvin va entamer son séjour dans la station. Il va à son tour être visité, par un « clone » de la femme qu'il aimait et qui s'est suicidée 10 ans plus tôt, et il va peu à peu en venir à la conclusion qu'elle est une création de l'océan protoplasmique, de Solaris elle-même, mais les motivations de cet être restent obscures, puisqu'aucune communication ne semble possible.

    Le rythme du livre est très lent, puisqu'il n'y a pratiquement pas d'action. On est plongé dans les pensées de Kelvin, sa relation avec cette Harvey créée par l'océan, ses réflexions quant à la nature d'Harvey, de l'océan, de ses motivations. C'est également un cours sur Solaris, tout du moins sur ce que l'on sait et ce que l'on suppute de la planète, un cours d'histoire des sciences solaristes (la solaristique). Cela nous offre des descriptions magnifiques des structures qui apparaissent à la surface de la planète, leur démesure, leur étrangeté, l'incapacité humaine à trouver des termes appropriés pour les décrire. Car il n'est pas question de définition dans la solaristique et dans ce livre, pas de vérité ultime, pas d'assurance. Au contraire, tout est questionnement, hypothèses, incertitudes. Et cela pour une raison très simple : on ne sait pas comment communiquer avec l'océan protoplasmique de Solaris, on ne sait même pas si l'on peut communiquer avec lui, bien qu'on se doute du fait qu'il soit vivant et qu'il soit un « individu ».

    La fin est dans la droite ligne de cette volonté de flou, car elle n'apporte aucune réponse. Ce n'est d'ailleurs clairement pas le but de l'auteur, et l'on s'expose à une cruelle déception si c'est ce qu'on recherche lors de la lecture. Il faut accepter le questionnement, tout en sachant qu'on ne peut pas tout connaître. C'est pour ça que je trouve que c'est avant tout un livre philosophique sur la notion de reconnaissance de l'autre, de la capacité à le percevoir, et sur la difficulté de la communication ; et cela ne concerne pas forcément que les rapports entre les humains et l'océan protoplasmique.

    Un passage que j'ai adoré, c'est celui où Snaut expose ses vues sur la symbolique du voyage spatial, des vues qui sont à mon avis tout à fait pertinentes, et toujours d'actualité.

    En tout cas, c'est certain que ce livre mérite son statut de chef d'œuvre de la science-fiction. Par contre, je n'ai absolument pas envie de regarder les adaptations cinématographiques qui en ont été faites, notamment celle de Soderberg avec Clooney, étant donnée la difficulté qu'à Hollywood à rendre la profondeur philosophique d'une œuvre !

    Solaris - Stanislas Lem

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  • Commentaires

    1
    Dimanche 5 Juillet 2015 à 15:11

    Tu me rappelles que ce monument de la SF devrait trouver la sortie de ma PAL bientôt car j'ai moi aussi très envie de le lire pour m'en faire une opinion, et ton avis m'y encourage grandement !!! Merci :)

    2
    Mercredi 22 Juillet 2015 à 16:51

    J'en suis ravie ! J'ai une relation un peu ambivalente avec les classiques, mais en SF, je suis la plupart du temps très contente de m'y atteler.

    3
    Vendredi 22 Juin 2018 à 11:48

    Bonjour, effectivement, aucune réponse n'est vraiment donnée à la fin. Voici mon avis sur ce livre que j'ai trouvé prenant même s'il comporte, pour moi, quelques longueurs. ATTENTION SPOILER ! Je n’ai pas aimé la fin, je ne sais pas trop pourquoi, l’idée que le personnage reste sur la planète Solaris à attendre le retour de sa belle ou plutôt du duplicata de sa belle m’a vraiment angoissée, je pense.

    Il y a de longs passages très scientifiques durant lesquels j’ai dû m’accrocher.

    Je me souviens avoir vu le film et n’avoir pas compris pourquoi l’océan était absent de cette adaptation alors qu’il est le personnage principal de l’histoire, finalement. Un être vivant mystérieux, démesuré, que les humains sont incapables de comprendre. Et lui, les comprend-t-il ? En tout cas, il pénètre leur inconscient et en extraie certaines images fortes qu’il transforme en réalité. Ainsi il redonne vie à la compagne décédée par suicide du héros, enfin, il en créé une copie presque conforme, une sorte d’androïde qui vit et s’interroge. Pour moi, l’aspect le plus intéressant et le plus intriguant de cette histoire.

    Pas de scènes explicites, on se demande si le héros couche ou non avec la créature créée par l’océan plasmatique… Un roman écrit aujourd’hui serait sans doute plus explicite, moins retenu. Pas mal d’éléments ne sont pas précisés, finalement. On ne saura jamais quelles créatures visitaient les compagnons de Kelvin et les rendaient fous.

    Une large part est laissée à l’imagination grâce aux non dits. L’horreur et la SF se côtoient dans ce roman quand, par exemple, on essaie d’imaginer ce qui est arrivé à la première créature dont Kelvin a cherché à se débarrasser en l’envoyant dans l’espace et c’est beurk ;).

    Une excellente lecture malgré la froideur scientifique, parfois.

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