• Les enquêtes de M. de Mortagne, bourreau, tome 1 : Le brasier de Justice - Andréa H. Japp

    Les enquêtes de M. de Mortagne, Bourreau, tome 1 : Le brasier de Justice - Andréa H. Japp

     

    1305. Normandie. Depuis quelques jours, Hardouin cadet-Venelle, bourreau de Mortagne-au-Perche, est en proie au tourment : la Justice de Dieu serait-elle faillible ? Marie de Salvin, qu'il vient de brûler vive, hante ses rêves. Était-elle réellement coupable ? Évangéline Caquet a-t-elle tué, cinq ans plus tôt, sa maîtresse à coups de hachette ? Sa quête de vérité se heurte aux fausses pistes et aux intérêts politiques des grands du royaume. Hardouin arrivera-t-il à concilier sa tâche de bourreau et celle de justicier sans perdre son âme ?

    J'avais découvert ce livre totalement par hasard, en cherchant en librairie un roman policier historique, et je me suis très facilement laissée tenter par ce personnage de bourreau, qui me rappelait forcément Dieu et nous seuls pouvons de Michel Folco.

    Le livre s'ouvre sur une ordalie demandée pour juger de la véracité d'une accusation de viol, lancée par Marie de Salvin contre un noble du voisinage, qui aurait abusé d'elle un soir qu'il demandait l'hospitalité, alors que son mari était absent. Les deux hommes vont alors se battre en duel de justice, et l'issue du combat indiquera qui a dit la vérité, qui est soutenu par Dieu. L'agresseur présumé de Marie de Salvin tuant le mari de celle-ci, elle est reconnu coupable de faux témoignage, et condamnée à la peine qu'aurait encouru celui qu'elle avait accusé : la mort sur le bûcher (la mort, oui, car le viol était puni très durement au Moyen Âge). C'est là qu'intervient Hardouin cadet-Venelle, bourreau de Mortagne, qui exécute Marie selon le jugement de la cour, sans se laisser émouvoir par ses déclarations répétées d'innocence. Mais, suite à certaines paroles surprises par hasard, le doute va naître dans l'esprit de Monsieur de Mortagne, et il va tout tenter pour se faire pardonner d'avoir ainsi usurpé le pouvoir de Dieu en tuant une innocente. À ce problème de conscience vont venir s'ajouter deux enquêtes à mener à la demande du sous-bailli de Mortagne, dont une qui touche aux intérêts des grands du royaume, notamment Charles de Valois, frère du roi Philippe IV, et Guillaume de Nogaret, plus proche conseiller de ce dernier. Une dernière intrigue vient s'ajouter à l'histoire, intrigue ouverte dont on sent qu'elle sera poursuivie dans les tomes suivants des enquêtes d'Hardouin.

    Parmi les deux enquêtes que M. de Mortagne vient à mener, l'une est assez simple et n'a pas une grande portée ; toutefois elle permet d'entrer dans le quotidien d'une maison bourgeoise et des rapports entre patrons et domestiques. L'autre est beaucoup plus complexe, et offre un aperçu intéressant de l'entourage du roi Philippe IV ainsi que de la gestion quotidienne des affaires de l'État.

    Ce roman est surtout intéressant pour tout l'aspect historique, notamment la condition de bourreau. En effet, ce dernier est un paria, obligé de vivre en dehors de la cité, de porter un signe distinctif sur ses vêtements afin que tous puissent le reconnaître (lorsqu'ils œuvraient, les bourreaux étaient toujours masqués), qui ne peut se marier qu'avec une fille de bourreau. Et pourtant, il est indispensable à la société médiévale, car il est le seul à pouvoir appliquer les jugements rendus par les autorités judiciaires et car il évite à la communauté des croyants de se souiller les mains. De plus, la psychologie d'Hardouin est un point fort de l'histoire : on voit la façon dont il accomplit son métier (car oui, tourmenteur est un véritable métier, avec sa formation, ses rémunérations, ses règles, etc.), comment son père lui a appris à se couper du monde, à nier l'individualité des personnes qu'il doit passer à la question ou exécuter, comment il supprime toute émotion en lui au moment de passer à l'acte ; je n'ai pas lu Hannah Arendt, mais je pense qu'on peut faire un parallèle entre le comportement de cadet-Venelle et les hommes qui travaillaient dans les camps de concentration et d'extermination. Et pourtant, malgré sa froideur, sa violence latente, j'ai vraiment ressenti de l'empathie pour le bourreau.

    Le point sur lequel je suis un peu plus mitigée, c'est l'utilisation que l'écrivaine fait des notes de bas de page : elle utilise un vocabulaire assez ancien, pour correspondre au mieux à l'époque à laquelle se situe son récit, et certains termes ont clairement besoin d'être explicités. De même, elle donne des informations sur l'évolution du sens de certains termes, entre le XIV° siècle et maintenant, et ces précisions sont très sympa. Mais, à côté de ça, j'ai trouvé qu'elle annotait des termes évidents, qui n'avaient aucunement besoin d'explications, et que cela avait plutôt tendance à alourdir le récit. Mais c'est un point tout de même assez mineur.

    Maintenant il va falloir que je me procure la suite des enquêtes de M. de Mortagne afin de connaître le fin mot de l'intrigue laissée en suspens.

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  • Commentaires

    1
    Dimanche 5 Juillet 2015 à 18:21

    Les romans policiers / historiques ont toujours ma préférence face aux policiers contemporains ^^ Et l'histoire d'un bourreau ça change un peu... Je le note sur ma liste de tentations déjà bien remplie yes

    2
    Mercredi 22 Juillet 2015 à 16:50

    Je suis comme toi, je n'aime pas trop les policiers contemporains ^^ Et j'ai l'impression que je contribue pas mal à l'allongement de cette liste ^^

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