• L'unité - Ninni Holmqvist

    L'unité - Ninni Holmqvist

     

    Parce qu'elle vient d'avoir 50 ans et qu'elle est célibataire, Dorrit est devenue « superflue » et, à ce titre, doit rejoindre l'Unité. Un appartement lumineux et confortable, agrémenté de micros et de caméras de surveillance, lui a été réservé. Un éran de télévision, mais pas de téléphone ni Internet pour communiquer avec l'extérieur... En plus d'être logés, les résidents sont nourris, bénéficient de soins médicaux et peuvent consacrer leur temps au loisir de leur choix. Les nouveaux arrivants sont chaleureusement accueillis... avant d'être affectés à des groupes d'expérimentations médicales humaines. Le corps de Dorrit ne lui appartient plus : à chaque instant on peut lui prélever un organe au bénéfice de ceux qui vivent à l'extérieur et qui sont encore « utiles ».

    Tout est prévu dans le moindre détail.

    Sauf une rencontre qui va tout changer.

    J'ai découvert ce livre par hasard et j'ai trouvé le sujet très intéressant (en plus, je ne crois pas avoir lu de livres traitant de l'âge sous cet angle). J'ai donc été très contente de le trouver.

    L'histoire est racontée à la première personne par Dorrit elle-même, et commence à son entrée dans l'Unité. Elle décrit son quotidien, ses états d'âme, les expériences auxquelles elle participe, ses relations avec les autres résidents de l'Unité. Dans ce roman, tout est dans l'humain, et il ne faut pas s'attendre à de l'action. On suit la reconstruction de Dorrit, son intégration à la communauté de l'Unité et son épanouissement. Car oui, malgré le contexte difficile dans lequel ils vivent tous, ils se sentent bien dans l'Unité, trouvent leur équilibre, et sont même heureux. Tout cela car, pour la première fois depuis des années, ils n'ont pas à faire semblant, à se sentir coupable ; ils peuvent être eux-mêmes, tout simplement.

    Car le monde extérieur à l'Unité, celui dans lequel ils vivaient, faisait peser une eux une terrible pression. En effet, la population suédoise en est peu à peu venue à une vision absolue de la « rentabilité humaine », et celle-ci passe par le travail, bien sûr, mais aussi par les enfants, qui garantissent l'existence de futurs travailleurs, tout en poussant les parents à la consommation, et donc tout le pays à la production. De ce fait, les familles ont souvent plus que quatre enfants, mais cela crée aussi des effets pervers : des hommes qui craignent d'avoir des aventures car des femmes se font une spécialité du vol de sperme pour ne pas finir à l'Unité, d'autres qui volent des enfants sans surveillance... Tous les pensionnaires de l'Unité ont donc été regardé comme des citoyens de seconde zone, mais aussi de mauvais citoyens qui ne remplissaient pas leurs devoirs vis à vis de l'État en ne faisant pas d'enfant. L'Unité est donc indirectement un lieu de liberté, où ils se retrouvent entre eux, entre réprouvés, et où ils peuvent se laisser aller, loin de l'opprobre du grand public. Mais la première raison de l'existence de l'Unité reste la rentabilité : en effet, même si l'entretien de tous ces « superflus » coûte cher à la communauté, ils rendent de grand service en participant à des études scientifiques, souvent farfelues au premier abord, mais qui ont toujours pour but d'améliorer la rentabilité humaine, mais aussi en donnant des tissus, organes, fluides, etc., jusqu'au « don final ».

    Ce qui m'a particulièrement marquée, c'est l'accent qui est mis régulièrement sur la nature du régime politique suédois : c'est une démocratie, c'est la population qui a choisi de se soumettre à cette tyrannie de la rentabilité, qui a décidé d'envoyer ses « superflus » dans un lieu comme l'Unité. J'ai trouvé que ça sonnait de façon très ironique, comme si l'auteure se méfiait des idées des politiciens et des masses ainsi que de la perversion de l'idée de « bien commun ».

    Au final, ce livre est une très bonne dystopie, un point de vue sur notre société actuelle original, et une critique en filigrane des dérives possibles de la démocratie.

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  • Commentaires

    1
    Lundi 29 Septembre 2014 à 12:00
    Tu me fais encore découvrir un livre à mettre dans ma wishlist^^ Le sujet a l'air vraiment pas mal.
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