Tous les enfants s'inventent des règles à respecter. Mais pour Sacha, transgresser les Règles pourrait avoir de terribles conséquences. Lorsque Dima monte dans le train, il est loin de se douter qu'il va retrouver sa famille ; une famille qu'il n'a jamais vue. Oublier une soupe dans un réfrigérateur peut avoir des répercussions inattendues. Que s'est-il vraiment passé ce chaud dimanche d'août pour que Maxime, huit ans, change au point d'affirmer à son institutrice : « Je suis la reine » ? Il y a quelque chose d'étrange chez Yacha ce matin, mais quoi ? Est-ce vraiment son cœur qui s'est arrêté de battre ?

J’ai découvert ce livre totalement par hasard, en flânant dans les rayons de Gibert Joseph, et la couverture m’avait de suite attirée. Le fait qu’il s’agisse d’un recueil de nouvelles écrit par une Russe n’a fait que me conforter dans mon intérêt.

Les Règles

Comme beaucoup d’autres, un jeune garçon suit des règles, du genre « ne pas marcher sur les lignes entre les pavés ». Sauf que les règles qu’il observe sont de plus en plus envahissantes, et qu’elles lui sont imposées de l’extérieur. Ses parents essaient d’y remédier, mais le garçon a peut-être raison de craindre de ne pas les respecter. Une nouvelle apparemment amusante, sur des obsessions toutes enfantines, mais qui bascule rapidement dans l’horreur.

La famille

Un homme prend le train de nuit et se réveille pour constater que les deux personnes qui occupent le même compartiment affirment être sa femme et son beau-père, alors qu’il ne les reconnait absolument pas. Il cherche alors à se battre, à retrouver son ancienne vie, mais celle-ci semble s’être évanouie pour de bon. Folie, complot, ou fantastique ? La nouvelle n’apporte aucune réponse, et l’on doit juste faire avec, comme le personnage.

J’attends

Un homme développe une étrange obsession pour une soupe donnée par sa mère et abandonnée dans le fond de son réfrigérateur, et qui est dotée de la vie. Délire ou réalité, difficile à dire, mais le personnage principal n’a aucun doute, et attend. Une nouvelle que j’ai beaucoup aimée, en dépit sa descente progressive dans la folie.

Je suis la reine

La nouvelle qui donne son titre au roman. Dans la banlieue de Moscou, une femme divorcée a la garde de ses deux enfants, des jumeaux, un garçon et une fille. Mais, peu à peu, le garçon commence à se comporter étrangement, et sa sœur comme sa mère se mettent à le craindre, sans pour autant comprendre de quoi il retourne. Une nouvelle qui instille le malaise tout du long, pour finir dans une horreur et une tristesse violentes.

L’agent

La nouvelle certainement la plus classique de toutes celles de ce recueil. Un homme est engagé par une Agence qui lui demande de rédiger des scenarii pour des clients, très fortunés, qui mettent en scène leurs fantasmes, allant jusqu’au meurtre ou à d’autres actions de grandes envergures. Mais vient un jour un client avec une demande bien précise, qui ne ressemble à aucune autre. Comme je le disais, une nouvelle classique, qui ne m’a pas vraiment marquée.

L’éternité selon Yacha

Un homme qui vit une vie classique entre sa femme qu’il n’aime pas plus que ça, sa belle-mère acariâtre et dominatrice, et son travail monotone découvre soudain que son cœur ne bat plus. Il est déclaré mort par un médecin, mais se sent parfaitement bien, tandis qu’autour de lui tout est bouleversé par ce nouvel état des choses. Pour refermer ce recueil, une nouvelle joliment absurde, pleine de poésie, avec une fin qui ouvre à de nombreuses interprétations.

J’ai beaucoup aimé ce recueil de nouvelles fantastiques, qui flirtent parfois avec la science fiction, et plongent presque systématiquement dans l’horreur. Le traitement quotidien, anecdotique, des récits marche parfaitement bien et crée un malaise propice au développement des histoires. Cette petite sélection donne vraiment envie de découvrir d’autres textes d’Anna Starobinets pour plonger un peu plus dans les méandres de ses histoires.