• Baroque'n'roll - Anthelme Hauchecorne

     

    Quinze univers, autant de portes en attente d'être poussées.

    Une seule clé.

    Celle qui se languit entre vos doigts.

    Suivre le procès opposant un diablotin syndiqué à son sinistre patron, jouer à réveiller les morts, vous laisser bercer par la fée des mauvais rêves, aider deux enfants à se défaire d'un croquemitaine ou vous mettre au vert avec le Diable lui-même...

    Un aperçu des voyages auxquels Baroque'n'roll vous convie, quinze nouvelles insolites portées par un rythme effréné, alternant humour et grotesque, merveilleux et fantasy urbaine.

    Après avoir lu Punk's not dead du même auteur, j'ai découvert ce titre-ci qui lui est antérieur, et j'avais envie de me replonger dans son univers glauque et humoristique avec ce recueil de nouvelles.

    Le recueil est donc constitué de quinze nouvelles qui ont déjà été publiées dans divers fanzines, webzines et anthologies. Comme dans le recueil suivant, l'auteur présente chaque texte, donnant son origine, son cheminement, ses éventuelles difficultés de publication, etc. C'est un exercice que j'aime beaucoup car j'ai l'impression qu'il me permet de mieux profiter du texte, de connaître les intentions de l'auteur et ainsi de juger si, à mon avis, le texte a atteint le but ainsi fixé.

    Nuage rouge

    Un diablotin qui œuvre comme un forçat pour obtenir de nouvelles âmes pour les patrons est embobiné par un syndicaliste d'une mine du nord de la France et décide de porter plainte contre Belzébuth pour non respect du droit du travail. S'en suit un procès assez rocambolesque aux conséquences pour le moins étonnantes.

    Permission de minuit

    Pour sauver sa vie, un père de famille passe un marché avec un vampire : si ce dernier réussit à coucher les deux garçons avant minuit, il pourra les sucer tous les trois, mais s'il échoue il libère le père et ne fait plus parler de lui. Commence une soirée des plus éprouvante.

    Le jardin des peines

    En plus du Paradis, de l'Enfer ou du Purgatoire, il existe un jardin spécial, le Jardin des peines, où vont les athées après leur mort, sous la forme exacte qu'ils avaient au moment de leur trépas. Là, ils errent en quête du pommier, afin d'en manger un fruit et d'atteindre le Paradis. Et la lutte est féroce entre ces damnés d'un genre particulier.

    Courrières

    Encore une histoire de mine et de démon, celle-ci prenant pour cadre la catastrophe de Courrières en 1906 qui fit 1099 morts. Le mélange de l'histoire et des légendes fonctionne très bien, et je me suis prise à espérer que le récit bascule dans l'uchronie et que les coups de grisou et de poussier n'aient pas lieu.

    Madone Nécrose

    Une ambiance de roman noir, un bar enfumé, un vieux flic et un jeune flic, des soupçons de corruption, et le fantôme d'une femme aimée. Sauf que dans ce Paris d'environ 2020, les morts reviennent à la vie, et qu'ils influent fortement sur la vie des vivants, et non uniquement par le souvenir.

    Six pieds sous terre

    Un jeune garçon en fauteuil roulant rencontre de nombreux problèmes dus à son handicap et à la méchanceté de certains de ses camarades. Mais il peut compter sur son chat et les pensionnaires d'un cimetière voisin. Comme le dit l'auteur, cette histoire m'a fait penser à L'étrange histoire de Nobody Owens, et même si elle est sympa, ce n'est pas vraiment mon truc. 

    Fée d'Hiver

    France, 1940, au cœur de l'hiver. Un petit garçon sort dans les rues la nuit pour trouver à manger, mais tombe sur une femme qui lui propose un jeu dangereux pour retrouver son nom. Un conte doux-amer qui ne m'a pas emballée, même si l'idée est plutôt bonne.

    Le diable noir

    Dans le port industriel de Marseille, un voleur entreprend de pénétrer dans un cargo abandonné depuis un long moment afin de vider les cales de leur contenu éventuel. Sauf que le navire est encore plus glauque qu'il n'en a l'air, et que notre délinquant entame une véritable descente aux enfers. L'explication de l'origine de la nouvelle est vraiment réjouissante et ajoute au plaisir de la lecture.

    Cons comme les blés

    Des cercles de culture, une trentaine de morts, un magnétophone, et un flic qui veut savoir ce qui s'est passé en écoutant la bande. S'en suit un dialogue totalement barré à mi-chemin entre Audiard et Naheulbeuk (influences revendiquées) entre les deux scientifiques à l'origine des cercles. C'est un format original pour une nouvelle vraiment amusante.

    Noblesse oblique

    Un professeur d'université donnant un cours d'histoire de l'art en profite pour raconter l'origine de trois pièces de la fin du moyen âge. Il en profite pour aborder la notion d'art, et de ce que l'on peut être prêt à faire pour cela, ainsi que par amour. Comme l'auteur le dit lui-même, ce n'est pas une nouvelle SFFF, et j'ai trouvé qu'elle n'avait pas forcément sa place dans le recueil, même si son côté glauque va bien avec les autres textes.

    Trêves de comptoir

    Dans toutes les grandes villes, on trouve des bars où se retrouvent les membres des sous-cultures, mais le bar de ce type le plus étrange de Paris est certainement celui où se réunissent les super-héros du coin, même les plus minables. Aussi, quand le membre d'une équipe est tué en opération, les conversations vont bon train. C'est une nouvelle pleine d'humour, et qui m'a fait aimé un thème qui ne m'attire pourtant pas plus que ça.

    Logique d'ensemble

    Un soldat américain participant à la deuxième guerre du Golfe est obligé de sauter de l'avion dans lequel il était parce que ce dernier a eu une avarie, sauf que son parachute ne veut pas s'ouvrir. Et ce problème n'est d'origine ni mécanique, ni humaine, mais bien plus fantastique. La nouvelle en profite au passage pour critiquer la guerre en Irak, ainsi que beaucoup de guerres modernes, pour mon plus grand plaisir.

    Enjoy the silence

    Dans une télé-réalité du genre de la Star ac', un des concurrents est soudain muet sur scène, et si sa prestation fait enrager ses compagnons d'aventure et les jurés, les spectateurs et téléspectateurs sont tous sous le charme, jusqu'à la folie. J'ai vraiment aimé cette critique acide de ce genre de phénomène qui pollue la culture et prend les gens pour des cons en poussant sa logique jusqu'à l'absurde.

    L'internat de Tatie Billot

    Dans un internat violent et pervers où l'on enseigne à des orphelins comment mendier, voler, tuer, en bref, comment être un parfait hors-la-loi, un jeune pensionnaire découvre au cours d'une punition qu'un seul élève a jamais réussi à s'évader de ce lieu de cauchemar. Mais l'histoire de ce garçon n'apporte aucun espoir, et m'a provoqué des frissons d'angoisse tout autant que de plaisir.

    Fleurs de cimetière

    Dans une petite ville de province, une série de crimes horribles attire l'attention des policiers, tandis que le meurtrier entend bien débarrasser les lieux des abominations qui s'y cachent. Un texte qui m'a un peu fait penser à Psychose pour la première partie, et dont la punition est parfaitement en rapport avec le crime.

    J'ai trouvé que le titre du recueil correspondait parfaitement à l'ambiance des diverses nouvelles, entre le glauque, l'exagération, la provocation et la révolte qu'il implique. En plus de ça, l'auteur fait preuve de beaucoup d'humour, un humour noir et grinçant qui me correspond bien, et qui permet de faire passer plus facilement certains sujets difficiles, mais aussi d'appuyer encore un peu plus là où ça fait mal (à ce propos, les notes de bas de pages dans la présentation du recueil et des nouvelles sont vraiment savoureuses).

    Par contre, ce livre a un gros défaut ! La qualité de l'édition : on trouve des fautes qui n'ont pas été corrigées lors de la relecture, des tailles d'interligne variables, une table des matières qui ne correspond pas aux numéros de pages des différentes nouvelles... Ça donne une impression de j'm'en foutisme franchement désagréable, surtout pour des textes savoureux.

    Mais bon, si l'on oublie ce problème de forme, j'ai vraiment beaucoup aimé ma lecture, et j'espère qu'Anthelme Hauchecorne publiera d'autres cercueils de nouvelles !

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  • Commentaires

    1
    Mercredi 2 Septembre 2015 à 11:02

    J'ai vu qu'apparemment elle a publié un autre cercueil intitulé "Punk's Not Dead" qui semble recueillir de bonnes critiques ! Je note déjà celui-là pour commencer ;-) Merci !

    2
    Mercredi 2 Septembre 2015 à 12:47

    Oui, Punk's not dead est aussi très bon. C'est un autre style, puisque, comme le titre l'indique, c'est beaucoup plus engagé. Mais l'humour est le même.

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