• L'unité - Ninni Holmqvist

     

    Parce qu'elle vient d'avoir 50 ans et qu'elle est célibataire, Dorrit est devenue « superflue » et, à ce titre, doit rejoindre l'Unité. Un appartement lumineux et confortable, agrémenté de micros et de caméras de surveillance, lui a été réservé. Un éran de télévision, mais pas de téléphone ni Internet pour communiquer avec l'extérieur... En plus d'être logés, les résidents sont nourris, bénéficient de soins médicaux et peuvent consacrer leur temps au loisir de leur choix. Les nouveaux arrivants sont chaleureusement accueillis... avant d'être affectés à des groupes d'expérimentations médicales humaines. Le corps de Dorrit ne lui appartient plus : à chaque instant on peut lui prélever un organe au bénéfice de ceux qui vivent à l'extérieur et qui sont encore « utiles ».

    Tout est prévu dans le moindre détail.

    Sauf une rencontre qui va tout changer.

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  • Les ballons dirigeables rêvent-ils de poupées gonflables ? - Karim Berrouka

     

    Il y a des nains furieux qu'on leur ait dérobé leur or, Jack qui n'est pas très pressé de monter à son haricot, Cloclo qui se réincarne dans le métro et des jeunes filles habillées de blanc qui hantent les routes la nuit...

    Mais il y a aussi des enquêtes glauques et angoissantes, l'enfer des combats à Falloujah et des ombres qui, chaque soir, dansent pour le public.

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  • Les dépossédés - Ursula Le Guin

     

    Deux mondes se font face : Anarres, peuplé deux siècles plus tôt par des dissidents soucieux de créer une socitété utopique vraiment libre, même si le prix à payer est la pauvreté.

    Et Urras qui a conservé la réputation d'un enfer, en proie à la tyrannie, à la corruption et à la violence.

    Shevek, physicien hors normes, a conscience que l'isolement d'Anarres condamne son monde à la sclérose. Et, fort de son invention, l'ansible, qui permettra une communication instantanée entre tous les peuples de l'Ekumène, il choisit de s'exiler sur Urras en espérant y trouver une solution.

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  • Interférences - Yoss

     

    Deux voisins bien différents : un grand pays, un petit pays. L'un est démocratique et développé. L'autre est gouverné par un Dictateur affable...

    Trois évènements incongrus viennent bousculer les relations déjà tendues de ces deux voisins-ennemies : une curieuse interférence perturbant les émissions télévisées, un rayon étrange aux effets inattendus, et des cheminées s'élevant rageusement vers les cieux.

    Le propos, jamais ouvertement politique, dessine un portrait au vitriol de la société cubaine. C'est truculent, hilarant, divertissant. Entre ce petit pays et son grand voisin, tout est prétexte à des interférences.

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  • Installée dans l’alcôve d’un balcon donnant sur le salon principal du bordel, Mercedes claqua des lèvres en voyant arriver son repas fumant. Le garçon, fardé, perruqué et habillé comme un jeune page, posa le plateau sur la table basse d’ébène, de cuir et de cuivre, puis découvrit le plat et ses accompagnements. Mercedes le chassa d’un geste de la main comme on chasse une grosse mouche bleue lourde de chair en putréfaction, humant profondément les effluves gras de son souper. Elle rompit une belle miche de pain bis et la plongea dans la sauce du ragoût. Les yeux brillants et de la salive aux coins des lèvres, elle l’engloutit goulûment. Et le recracha presque aussitôt.

    _ Dévine ! Viens ici immédiatement ! hurla-t-elle.

    Le jeune garçon accourut bien vite auprès de sa maîtresse, le cœur comprimé dans la poitrine. Il n’eut pas le temps de s’incliner ni d’ouvrir la bouche qu’une gifle baguée le cueillit, lui ouvrant la lèvre supérieure. Les larmes perlèrent mais il s’interdit de réagit, le fer lui donnant la nausée.

    _ De qui te moques-tu ? Je t’envoie me chercher à manger, et tu te fais avoir comme le premier péquenot venu !

    Elle attrapa un morceau de viande et le lui fourra sous le nez.

    _ Avale-moi ça !

    Dévine s’exécuta, et la saveur de la viande mêlée au sang qui tapissait sa bouche lui causa un renvoi violent. Mercedes le repoussa et il vomit sur le tapis.

    _ Ça ressemble à du pigeon des toits pour toi ?

    Elle n’attendit aucune réponse.

    _ Du rat ! Voilà ce que tu m’as acheté !

    Dévine s’essuya la bouche d’un revers de la main, mais se plia de nouveau en deux quand l’escarpin l’atteignit au flanc, juste sous les côtes.

    _ Mais tu sais que je n’aime pas gâcher. Tu vas donc avoir l’honneur de finir mes restes.

    Mercedes lui sourit, la mouche sous sa bouche soulignant sa moue, puis se leva, montagne de satin et de taffetas, parfumée des plus rares fragrances. Elle sortit de l’alcôve et ses deux gardes du corps de faction ce soir-là se redressèrent immédiatement. Par habitude, elle posa sa main sur le bras le plus proche.

    _ Mes amours, j’ai entendu des rumeurs affreuses courir à propos de la gargote de Branlon, et je m’en voudrais de ne pas y opposer ma voix.

    Mercedes se dirigea vers l’ascenseur. Un de ses hommes en ouvrit la grille et elle y entra, jouant avec son éventail. Le vieux mécanisme se mit en marche dans des odeurs de graisse et de métal chaud.

    _ Rameutez les filles de ménage et les mécanos dont la présence n’est pas indispensable, qu’ils aillent porter mes hommages à Branlon.

    L’ascenseur s’immobilisa au rez-de-chaussée, et une bouffée de musique, de rires et de stupre frappa Mercedes comme à l’entrée d’une serre tropicale. Ses deux gardes s’éloignèrent rapidement pour porter la bonne parole de leur maîtresse, tandis que cette dernière allait se perdre au milieu des corps poisseux et alanguis, attendant le début du spectacle.

    Sur un signe d’un de ses gardes, elle se rendit dans son bureau qui donnait sur la rue ; de là, elle pourrait tout observer en évitant la suie, le cagadou et la vulgarité des habitants de la rue.

    Les lampadaires au gaz n’éclairaient pas grand-chose, mais les lumières filtrant des fenêtres et les lampions des diverses échoppes ambulantes étaient bien suffisants pour admirer la représentation. Une douzaine de silhouettes jaillit soudain des ombres et se précipitèrent sur la gargote surélevée sur une estrade de Branlon. L’une d’entre elles s’arrêta au pied des marches de bois et releva ses jupes raides de crasses pour se soulager, sous les regards méprisants des clients attablés au-dessus de la fange de la rue. D’autres s’égayèrent entre les tables, bousculant les clients, volant les bijoux, crachant dans les plats, renversant les verres. Branlon sortit de derrière ses fourneaux, ses vêtements maculés de graisse et de sang, brandissant une broche arborant une viande pour le moins suspecte.

    _ Ulad muwasseĥin kelb ! Amšiw men hna !

    Les agents de Mercedes n’étaient pas pressés de partir, et semèrent encore un peu la pagaille, faisant fuir les clients dans un imbroglio de chaises à porteurs et de litières à moteur. L’un d’eux profita de la confusion pour subtiliser une poêle en fonte et l’abattre sur les reins du propriétaire, qui s’effondra sur l’une des banquettes, renversant une table et son service dans sa chute. Ce fut le signal de la débandade, et tous les fauteurs de troubles disparurent dans les ombres.

    De son poste d’observation, Mercedes buvait du petit lait, les doigts poisseux de confiseries. Le lendemain, elle irait rendre visite à Branlon pour lui manifester son soutient et lui proposer un partenariat officiel grâce auquel il pourrait se refaire une clientèle.


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